La Libération définitive, dans la douleur

Les premiers jours de février 1945, s'amorça le dégel et, dès l'apparition du soleil, un avion d'observation américain survola continuellement la contrée et le village durant des heures.

Durant la nuit du 14 au 15 février 1945, les Américains enfoncèrent les lignes allemandes et les chars d'assaut US s'approchèrent de Rimling dès le matin du 15 février. L'attitude des Allemands laissait supposer qu'il se préparait quelque chose: effectivement, trois chars Sherman suivis de l'infanterie US pénétrèrent dans le bourg par la Rue de l'Eglise et progressèrent lentement vers le centre de Rimling tout en tirant dans les maisons.

Rue de l'Eglise

C'est donc en cette journée du 15 février 1945 qu'eut lieu la seconde et véritable libération de Rimling, village situé à un point stratégique d'où les troupes US pourront s'engouffrer plus tard, vers le 15 mars 1945, en direction de Zweibrücken. Malheureusement, Erching et Guiderkirch, derniers villages lorrains à être aux mains des Nazis, resteront en plein front allemand et soumis à un déluge de feu américain qui fera des dizaines de victimes civiles.

A Rimling, les troupes américaines achevèrent de nettoyer rue par rue toute présence nazie. Le PC du bataillon de SS, qui se trouvait au moulin du village, fut réduit par des tirs ciblés US. Les survivants SS se rendirent.

En ce jour de libération du 15 février 1945, les civils purent enfin sortir de leurs tanières, mais une fois de plus, l'attitude des troupes US envers eux fut plus que méfiante: les habitants furent immédiatement enfermés dans les granges en compagnie des prisonniers allemands. Les cadavres gisaient dans les rues, dans les jardins, et les civils se retrouvaient séquestrés avec leurs oppresseurs!

Finalement les Américains ordonnèrent aux femmes de préparer de petits colis et leur permirent de regagner leurs maisons, ou plutôt ce qu'il en restait. Après cel, toute la population civile de Rimling fut évacuée en camions à la caserne de Bining où un officier français chercha en vain à déceler d'éventuels collaborateurs ou anciens membres du parti nazi. De Bining, les habitants de Rimling furent dirigés sur Vibersviller, près de Château-Salins, et sur Altviller, près de Saverne. L'accueil de la population locale envers les réfugiés fut dans l'ensemble déplorable et égoïste... On fit vite comprendre aux pauvres évacués rimlingeois qu'ils étaient indésirables.

Ce n'est que deux mois après la libération de Rimling et son évacuation que les villageois purent regagner leurs foyers en ruines. Tout y était détruit, pillé, brûlé, le bétail abattu ou volé. Une tâche énorme attendait ces pauvres rescapés de l'enfer du front: la reconstruction du village avec le souvenir douloureux de tous ceux qui n'étaient plus là pour y participer!

Rue du Schlossberg en 1947

Le prix payé par Rimling pour sa libération a été terrible: des 551 habitants en 1939, il ne restait plus que 393 habitants en 1945. Des 120 maisons en 1939, il ne resta plus que 58 maisons en 1945. Le village détruit à moitié déplorait la mort de 15 victimes civiles, de 75 maisons détruites, avec en héritage les champs environnants truffés de mines.