Pierre MERCENIER

Fondateur de "l'Hospice de Rimling"

Pierre Mercenier, curé de la paroisse, fonde en 1774 l'hôpital, maison de charité de Rimling. Il souhaite donner à ses paroissiens, même après sa mort, des marques certaines de son affection paternelle et leur continuer les soins et les secours qu'il s'est fait en tous temps, un devoir de leur fournir.

C'est ainsi que dans son testament olographe fait le 24 juin 1774, il cède aux pauvres de la paroisse de Rimling:

  • une maison avec jardin, potager, verger, cour, aisances et dépendances, situés à Rimling et que Pierre Mercenier avait acquis en 1750;
  • trois pièces de pré sur le ban de Rimling;
  • trois capitaux, l'un de deux mille quatre cents livres et les deux autres de quatre mille huit cents livres produisant six cents livres de rentes annuelles.

Cette donation est destinée à fonder un hôpital:

"Je déclare par le présent testament que ma dernière volonté est que la donation par moi, curé de Rimling, faite et arrêetée aux pauvres de la paroisse, principalement aux malades et aux infirmes, soit le commencement d'un hôpital dont les pauvres villageois en ont besoin aussi bien que les pauvres qui se trouvent dans les villes"

L'autorisation de créer cet hôpital avait été obtenue préalablement par lettres patentes de Sa Majesté au mois d'avril 1773, lettres patentes enterrinées à la Cour Souveraine de Lorraine et Barrois le 14 juillet suivant.

Dans son testament, Pierre Mercenier précise comment il souhaite le fonctionnement de son hôpital.

L'hôpital doit être dirigé par une commission comprenant le curé de Rimling, le maire et deux échevins. Le curé et ses successeurs sont directeurs et receveurs-nés de l'établissement et jugent seuls des dépenses et de l'admission des malades. Ils ne rendent compte que tous les trois ans en présence du maire et des deux échevins en la maison curiale de Rimling...

Le personnel se limite à une infirmière, nommée par le curé et les échevins, logée dans la maison et ayant pour salaire, la jouissance du jardin, du verger, du potager et des trois prés ainsi qu'une somme de trois livres. Son rôle est bien ^précisé: "Elle préparera les bouillons, remèdes et autres secours indiqués aux malades, les leur portera, les visitera et soignera dans leur maison s'il n'y a pas moyen de les loger dans l'hôpital". Cette infirmière doit être d'une conduite exemplaire: "Elle sera de bonne vie et moeurs, soigneuse, active, compatissante et propre pour le soulagement des malades, assez instruite d'ailleurs pour pouvoir tenir l'école des filles dans les temps qui lui seront indiqués par le curé et à défaut de ces qualités, elle sera renvoyée sans autre forme par ledit curé qui procèdera, avec les échevins et le maire, à l'élection d'une autre".

En réalité, l'hôpital ne fonctionne pas selon les désirs de son fondateur. La maison léguée par Pierre Mercenier n'abrite pas de malades.

Avant la Révolution

Une enquête pratiquée en avril 1780 sur les hopitaux du royaume, décidée par NECKER qui entend réformer et restructurer ces établissements, nous renseigne sur le fonctionnement de l'hôpital.

"Cet hôpital n'a pas encore été monté, la maison qui y est destinée est sans lits, meubles ni ustensiles; le vicaire de la paroisse l'occupe et elle sert de presbytère. Le village de Rimling est d'ailleurs sans ressource pour le secours et lesbesoins des malades. Le curé administrateur des revenus de l'hôpital y pourvoit comme ilpeut, mais pour l'ordinaire, ce revenu est distribué en aumônes à son gré aux pauvres de la paroisse, ce qui ne remplit pas l'objet de la fondation".

Une affaire de malversations entache ces premières années de l'existence de l'hôpital. En 1789, l'abbé THOME, successeur de Mercenier à la cure de Rimling, et à la direction de l'hôpital, est accusé de "transport de capitaux qu'il a placés à son profit". Plusieurs sommes de quatre vingts livres, de quarante neuf livres treize sols, de cent cinquante quatre livres six deniers sont en cause.

Le procureur condamne l'abbé THOME "personnellement en tous les frais occasionnés pour la rédition de son dit compte, ainsi qu'en ceux de la présente instance et en tous ceux à faire pour mettre les choses en ordre envers toutes les parties, se réservant en surplus toutes voies pour faire rectifier les erreurs qui pourraient être à la suite reconnues aux comptes en question, soit par omission, soit par double emploi".

Après la Révolution

La gestion de la fondation passe sous le contrôle du Bureau de Bienfaisance de Volmunster dont le receveur acquite en même temps les fonctions de directeur de l'hospice.

A cette époque, la maison n'abrite toujours pas d'hôpital. Elle est louée à des particuliers. Le Bureau de Bienfaisance encaisse le produit de cette location et, avec les sommes recueillies, pratique l'assistance à domicile.

La fin de l'hospice

L'hospice de Rimling ne fonctionne pas du tout comme l'a souhaité son fondateur. Son action devient très rapidement inséparable de celle du Bureau de Bienfaisance. Finalement, l'ensemble des biens constituant la fondation est dispersé. La maison devient école communale; les terrains sont également rachetés par la commune.

Le grand projet de Mercenier ne voit pas le jour.

Comme il l'a fait pour Mgr Nicolas De Weis et pour Frédéric Gambs, le Conseil Municipal de Rimling a décidé au début des années 2000, de donner le nom de Pierre Mercenier à l'une des rues du nouveau Lotissement de la Bickenalbe.